Pour cette nouvelle exposition au Palais de Tokyo, Ulla von Brandenburg (née en 1974 à Karlsruhe, vit et travaille à Paris) a imaginé un projet total et évolutif, inspiré du théâtre, de son imaginaire et de ses conventions. Autour de la notion de rituel, entendue comme possibilité d’explorer les relations entre l’individu et le groupe, de créer ou non du commun, l’artiste invite le public à prendre part à une expérience immersive et renouvelée des thèmes, des formes et des motifs qui irriguent son œuvre : le mouvement, la scène, la couleur, la musique, le textile... Installations, sculptures, performances et films spécialement conçus pour l’exposition se répondent et s’enchevêtrent dans un récit ouvert, entre authenticité et artifice, monde naturel et activités humaines, intérieur et extérieur, fiction et réalité.
J’essaie de créer des espaces autres. L’espace du Palais de Tokyo est un peu flouté, on y perd la notion d’espace. J’ai volontairement créé un labyrinthe, pour qu’on se sache plus où on est vraiment, et en même temps, je voulais un lieu pas bien défini : il y a des voiles de bateaux, des rideaux de théâtre, ce ne sont pas vraiment des espaces reconnaissables. En fait, c’est une invitation à redéfinir les espaces, les architectures dans lesquels on veut vivre. Le tissu est très pratique, parce qu’on peut créer tout ce qu’on veut avec peu de moyens. Les tissus sont une sorte d’anti-architecture, parce qu’ils n’ont pas d’angles droits, et j’aime beaucoup cette idée d’espace mou, un espace qui nous englobe, comme une sorte de deuxième utérus, dans lequel on se sent protégé. Ulla von Brandenburg
Dans mon travail, comme dans mes expositions, j’aime bien l’idée de nomadisme, ne pas se limiter à un lieu spécifique. C’est pour ça que j’utilise le tissu, qui est un matériau nomade, on peut en faire des tentes, des maisons, mais plus simplement, on le porte toujours sur nous, de la naissance à la mort. De plus, le tissu se déplace facilement, on peut le plier tout petit, le stocker facilement, et le déplier en très grand. Pour moi, le tissu, c’est l’indépendance : l’indépendance des moyens, l’indépendance des lieux. Ce que j’ai essayé de faire dans cette exposition, c’est de créer une idée de non-rigidité, et de non-hiérarchie dans l’espace, de faire bouger les frontières, et que les visiteurs et visiteuses fassent partie de l’expo. Ulla von Brandenburg
Pour moi les liens ce sont des cordes et des rubans, mais aussi les liens avec les personnes. Je travaille très souvent avec les mêmes personnes et j’aime beaucoup cette idée de compagnie, d’équipe dans laquelle on a réellement des liens. Il faut des années pour créer ces liens, et je crois que c’est ce qui nous manque aujourd’hui, on a des rapports de travail, des liens « fonctionnels », mais ces liens au sein d’un groupe, ça me manque, et c’est pour ça que je travaille comme ça dans mes ateliers et dans mes films.
Il y a beaucoup de choses qu’on ne voit pas, parce que notre rapport au monde se fait en fonction de ce qu’on entend, ce qu’on voit pour de vrai. Je suis convaincue, qu’il y a beaucoup plus que ce qu’on peut percevoir, et dans notre société technocratique on a perdu le lien avec toutes ces choses invisibles. Ulla von Brandenburg
Archives
Michel Foucault, émission « Recherche de notre temps », France Culture, 1966
Abdenour Bidar, émission « Les discussions du soir », France Culture, 2016
Tadeusz Kantor, émission « Théâtre et Cie », France Culture, 2015
Références musicales
Anna Holveck, Monkey
Place music, The mountain low
Prise de son
Edouard Rubinsztein
September 03, 2020 at 12:03AM
https://ift.tt/32RaOa3
Ulla von Brandenburg :"J'ai bien cette idée d'espace mou" - France Culture
https://ift.tt/2VsEgR4
Espace
Bagikan Berita Ini
0 Response to "Ulla von Brandenburg :"J'ai bien cette idée d'espace mou" - France Culture"
Post a Comment