Un peu partout en ville, des petits boîtiers blancs ont fait leur apparition sur les poteaux. Ce sont des capteurs de chaleur ambiante. Posées avec l'assistance technique du Parc du Lubéron et les services techniques manosquins, ces drôles de bestioles révèlent un enjeu environnemental crucial : mieux appréhender le réchauffement climatique en ville.
François Boulet-Delville, chargée d'études Paysage au Parc naturel régional du Luberon depuis une dizaine d'années explique la volonté du Parc du Lubéron dans cette démarche : "Nous travaillons avec les intercommunalités du territoire pour croiser les données. Notre objectif est de trouver des solutions pour l'atténuation et l'adaptation du réchauffement climatique."
Des boîtiers pour la température ambiante
Les trente capteurs récemment installés ont pour objectif de mesurer la chaleur ambiante, telle qu'elle est, sans prise en compte de l'environnement extérieur (réflexion, vent...). Ils ont été posés afin de mesurer les îlots de chaleur, et les résultats sont parfois impressionnants. "L'été dernier, nous avions posé des capteurs à Apt et Pertuis. En pleine canicule, les températures étaient extrêmement élevées, surtout à Apt, qui est vraiment située dans une cuvette," précise la paysagiste.
De plus, les nuits "tropicales" (au-dessus de 30ºC) sont de plus en plus courantes dans les villes, qui se retrouvent à court d'idée pour tenter d'offrir un souffle d'air frais à ses habitants, "d'où l'intérêt de créer de davantage de poumons verts en ville," affirme Valérie Peisson, adjointe déléguée à l'attractivité du centre-ville, et au Coeur de Ville. Juillet et août seront donc deux mois d'expérimentation pour la ville, qui verra les résultats publiés à l'automne.
Réfléchir à l'utilisation de nouveaux matériaux
En complément de ces capteurs, des relevés par caméra surfacique - une caméra relevant les températures des surfaces sur lesquelles elle est orientée,- viendront compléter les résultats de l'expérimentation. Ensemble, ces données devraient permettre à la ville de repenser sa façon d'aménager l'espace public.
Lorsque Françoise pointe sa caméra sur le revêtement blanc de la place du Terreau, 56º C s'affiche. Sur l'herbe, 33º C. "Ça paraît bête d'utiliser un tel outil, car on sait qu'il y a une différence de température entre du béton et de l'herbe. Mais on parle quand même de presque 30º C de différence. La priorité, je pense que ce sont les aires de jeux pour les enfants, qui sont toujours recouvertes de béton," alerte la jeune femme.
Selon elle, il faut miser sur les arbres et les sources minérales : "Manosque a la chance de disposer d'îlots de verdure avec les Vannades et le parc de Drouille par exemple, mais il faut continuer à réfléchir. Le Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement (Cerema, NDLR) s'interroge en ce moment sur le remplacement des arbres par rapport au réchauffement climatique. À Metz, ils pensent à des arbres méditerranéens. Et nous, on mettra quoi ?"
C'est donc une réelle expérience qui s'offre aujourd'hui à la ville. Une occasion de repenser la façon d'aménager l'espace public à ne surtout pas rater, sous peine de suffoquer d'ici quelques années.
Au centre-ville la concertation
"Nous ne sommes malheureusement pas l'Isle-sur-la-Sorgue, mais il faut refaire du végétal à Manosque," explique Valérie Peisson, adjointe déléguée à l'attractivité du centre-ville, et à l'opération Coeur de Ville. La ville peut profiter des quelques parcs et des Vannades, et donc de quelques îlots de fraîcheur, mais dans le centre, tout est effectivement à repenser.
Une expérimentation pour prendre conscience d'un problème que tous connaissent déjà. La réflexion de la chaleur sur les matériaux est repérable dès que l'on passe de l'herbe au béton...
"On commence les réhabilitations du centre. Ça demande beaucoup de travail avec les habitants, mais ça y est, la première réunion de concertation a eu lieu," déclare l'élue. Pour concilier habitat et végétal, "des précautions sont à prendre dans le choix des espèces et de l'entretien," prévient la paysagiste.
Mais Valérie Peisson est confiante : "il y a beaucoup de personnes qui sont intéressées, et c'est une bonne chose, car on ne peut pas construire la ville sans concertation."
July 28, 2020 at 12:24AM
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Manosque : des capteurs de chaleur en ville pour repenser l'espace public - La Provence
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